Bilan climatique du mois de décembre 2015

En illustration : carte NOAA des écarts à la normale des températures moyennes en Europe. Ces écarts atteignent des valeurs considérables, comprises entre +5 et +7° de l’Angleterre à la Pologne et de l’Ukraine jusqu’à la Finlande. L’année 2015 se termine donc en apothéose avec 2 mois consécutifs historiquement doux sur l’ensemble du continent européen. Ce qui fera de l’année 2015 la seconde plus chaude après... l’année 2014. Oui, le réchauffement climatique est bel et bien là (le débat portant sur la responsabilité ou non de l'homme) et la machine s’emballe. A noter que cette grande douceur s’est accompagnée d’une sécheresse à l’étendue géographique inégalée puisqu’elle a concerné toute la moitié sud de l’Europe, et qu’il n’est pas tombé une seule goutte sur une partie de l’Italie, des ex-pays yougloslaves, de l’Albanie, de la Grèce, de la Turquie, de la Bulgarie, mais aussi de l’Espagne et de l’Algérie.

En France, ce mois de décembre restera dans les annales de la météorologie : la présence continuelle de l’anticyclone des Açores à ce moment de l’année a représenté tout d’abord une anomalie exceptionnelle ; de plus l’anticyclone n’a cessé d’apporter de l’air d’origine subtropicale, donc très doux, et surtout en seconde partie de mois... Conséquences : des températures record, un déficit de précipitations très important, en particulier sur la moitié sud, et un ensoleillement remarquable sur certaines régions.

Sur l’ensemble des stations, l’écart à la moyenne atteint +3°9 : il s’agit du 4^ème écart le plus important tous mois confondus, après +4°4 en février 1990, +4°2 en août 2003 et +4°1 en juin 2003. Il s’agit bien évidemment du mois de décembre le plus doux jamais enregistré, loin devant décembre 1934 et décembre 2000.

Concernant les températures maximales, elles restent douces tout le mois, sauf quelques rares journées un peu fraîches à froides sur les régions du nord uniquement les 10, 13 et 14. La période de douceur la plus marquée se produit à partir du 17 et se prolonge jusqu’au 28. Durant cette période, des records journaliers sont battus, mais pas de records mensuels. Ainsi, malgré un beau 25°4 relevé à Pau le 19, les records absolus restent attachés aux mois de décembre 1985 et 1989. C’est donc dans la durée que la douceur a été exceptionnelle, et non pas par son intensité : le résultat, c’est que toutes les stations enregistrent de nouveaux records mensuels, à l’exception uniquement de la Corse et de Nice. Il est intéressant de voir le détail ville par ville, car les records qui sont tombés ont le plus souvent été largement battus : décembre 2015 de ce point de vue se situe largement un cran au-dessus des autres, comme l’ont pu l’être d’autres mois exceptionnels comme février 1990 (pour une période hivernale). 

• Angers : moyenne : 13°3 ; ancien record 12°0 en 1953 ; écart à la normale : +4°8.

• Biarritz : moyenne : 18°0, c’est-à-dire plus qu’en novembre dernier (17°8), avec 17 jours au-dessus de 18° et 5 jours à plus de 20° ; ancien record 16°5 en 1989 ; écart à la normale : +5°6.

• Bordeaux : moyenne : 14°7 ; ancien record 14°3 en 1989 ; écart la normale : +4°2.

• Bourges : moyenne : 11°7 ; ancien record 11°4 en 2000 ; écart à la normale : +4°3.

• Brest : moyenne : 14°1 ; ancien record 12°3 en 1953 ; écart à la normale : +4°2 (ce qui est énorme pour une station comme Brest avec son climat océanique).

• Châteauroux : moyenne : 13°4 ; ancien record 11°7 en 2000 ; écart à la normale : +5°6.

• Clermont-Ferrand : moyenne : 13°8 ; ancien record 12°3 en 2000 ; écart à la normale : +5°9.

• Dijon : moyenne : 10°0 ; ancien record 8°8 en 2000 ; écart à la normale : +4°6.

• Lille : moyenne : 11°7 ; ancien record 9°8 en 1974 ; écart à la normale : +5°3.

• Limoges : moyenne : 12°4 ; ancien record 11°9 en 1989 ; écart à la normale : +4°9.

• Lyon : moyenne : 13°5 ; ancien record 10°9 en 2000 ; écart à la normale : +5°9.

• Marseille : moyenne : 15°7 ; ancien record 14°5 en 2000 ; écart à la normale : +3°9.

• Mont Aigoual : moyenne : 6°7 ; ancien record 5°4 en 1987 ; écart à la normale +4°5.

• Paris Montsouris : moyenne : 12°3 ; ancien record 10°6 en 1974 (données depuis 1873) ; écart à la normale : +4°6.

• Perpignan : moyenne : 15°6 ; ancien record 15°1 en 1954 ; écart à la normale +2°7.

• Reims : moyenne : 11°7 ; ancien record 9°5 en 2011 ; écart à la normale +5°5.

• Rennes : moyenne : 13°3 ; ancien record 11°7 en 1953 ; écart à la normale +4°1.

• Strasbourg : moyenne : 11°1 ; ancien record 8°6 en 2011 ; écart à la normale +5°9.

• Toulouse : moyenne : 15°0 ; ancien record 14°2 en 1989 ; écart à la normale +5°2.

   

Concernant les températures minimales, des records ont été battus aussi, mais uniquement sur les régions où la couverture nuageuse est restée plus présente et n’a donc pas permis aux températures de s’abaisser la nuit, c’est-à-dire sur une bonne moitié nord-ouest ainsi qu’en basse vallée du Rhône (longue période d’entrées maritimes). Par exemple, il n’a pas gelé à Lille, et il n’a gelé que 2 fois à Reims. Quelques records mensuels de températures minimales élevées ont été enregistrés sur le nord-ouest. Les températures sont également restées élevées en altitude (l’anticyclone ayant favorisé les situations d’inversion de températures), ce qui, conjugué au manque de précipitations, a été très néfaste à la couverture neigeuse.

• Angers : moyenne : 7°2 ; ancien record 6°2 en 2000 et 2002 ; écart à la normale : +4°1.

• Brest : moyenne : 10°1 (soit davantage que la moyenne normale des maximales) ; ancien record pulvérisé : 8°2 en 1965 ; écart à la moyenne : +5°2.

• Lille : moyenne : 7°5 ; ancien record 5°2 en 1974 et 1988 ; écart à la normale : +5°5.

• Limoges : moyenne : 5°9 ; ancien record 5°3 en 2000 ; écart à la normale : +3°6.

• Marseille : moyenne : 8°4 ; ancien record 7°7 en 2000 ; écart à la normale : +4°5.

• Mont Aigoual : moyenne : 2°2 ; ancien record 1°0 en 1987 ; écart à la normale : +4°8.

• Paris-Montsouris : moyenne : 7°7 ; ancien record 6°6 en 1988 ; écart à la normale : +4°2.

• Reims : moyenne : 5°2 ; ancien record 4°8 en 1988 ; écart à la normale : +3°9.

• Rennes : moyenne : 7°6 ; ancien record en 2002 ; écart à la normale +4°2.

• Strasbourg : moyenne : 3°5 ; ancien record 3°3 en 1994 ; écart à la normale : +3°2.

   

D’habitude, un mois de décembre doux est synonyme de temps pluvieux. Il n’en a rien été cette année, bien au contraire, nous avons eu droit à l’un des mois de décembre les plus secs jamais enregistrés, notamment sur la moitié sud. Mention spéciale pour la station de Biarritz, où le cumul mensuel s’établit à 9mm seulement, record absolu pour un mois de décembre (la normale est à 150mm) ; un cumul mensuel inférieur à 10mm n’était pas arrivé à Biarritz depuis janvier 1993. A Toulouse, on relève juste 3mm (précédent record 8mm en 1948 et 1989).

L’insolation a été contrastée : médiocre près de la Manche située en marge du courant perturbé ; médiocre également sur le Languedoc Roussillon et une partie de la Provence en raison d’une longue période d’entrées maritimes en seconde partie de mois due au flux persistant de secteur sud ; enfin, excellente du sud-ouest jusqu’au nord-est. Strasbourg atteint pour la première fois en décembre le chiffre de 100h d’insolation (précédent record 94h en 2001), soit plus qu’à Marseille, qui totalise seulement 94h, pas très loin du record de faible insolation de 93h enregistré en 1992. Records battus aussi à :

• Biarritz : 153h (134h en 1989 et 2013)
• Clermont-Ferrand : 163h (142h en 2013)
• Limoges : 141h (140h en 1991)
• Lyon : 147h (108h en 1983)
• Toulouse : 159h (140h en 2013)

Beaucoup de chiffres pour ce mois de décembre, mais qui en soulignent le caractère tout à fait exceptionnel.